L'héritage couture de Maison Margiela et l'attente du défilé artisanal automne 2025 de Glenn Martens

Maison Margiela n'a jamais cherché à s'intégrer. Depuis ses débuts dans l'univers de la couture, la maison a bousculé toutes les conventions, dépouillant la mode de ses codes et la transformant en quelque chose de poétique, brut et résolument original. Des pièces déconstruites et révolutionnaires de Martin Margiela aux mannequins anonymes et aux coupes fragmentées, la couture chez Margiela a toujours raconté une histoire de rébellion, habillée d'un savoir-faire impeccable.
Aujourd'hui, avec le designer belge Glenn Martens aux commandes, la ligne Artisanal de la Maison entre dans une nouvelle ère audacieuse. Martens, connu pour ses silhouettes architecturales et ses superpositions conceptuelles, insuffle une nouvelle énergie à l'héritage bâti par Margiela. Alors que le monde de la mode se tourne vers Paris en juillet, tous les regards sont tournés vers le défilé Artisanal Automne 2025, qui promet d'être l'une des présentations couture les plus attendues de l'année.
Un début radical : la première vision couture de Martin Margiela

Le printemps 1989 n'était pas seulement la première présentation haute couture de Martin Margiela : c'était une explosion contrôlée qui a reprogrammé l'ADN de la mode.

Le premier mannequin a défilé torse nu, vêtu d'un pantalon blanc simple et brut, d'un jabot noué dans un soutien-gorge improvisé et des désormais emblématiques bottes Tabi noires. Sur sa poitrine, une légère ligne bronzée, façon t-shirt col V, laissait entrevoir l'ombre d'un vêtement brûlé par le soleil.
Coiffure et maquillage étaient volontairement bruts : yeux noirs austères, lèvres rouge profond et textures désordonnées et négligées qui conféraient à chaque mannequin une humanité brute. Plus tard dans le défilé, un look multicouches entièrement rouge introduisait ce qui allait devenir la signature de Margiela : le masque intégral, occultant l'identité et élevant l'anonymat au rang d'art. Cette section rouge introduisait également plusieurs motifs qui allaient définir la maison : distorsion des formes, superpositions non conventionnelles et vêtements oscillant entre l'inachevé et l'impeccable.

Les premières pièces de haute couture étaient assemblées à partir de trouvailles vintage : gants cousus sur des hauts, foulards réimaginés en robes et gilets confectionnés à partir de ceintures. Il ne s'agissait pas de simples déclarations de mode ; c'étaient des déclarations philosophiques. La couture n'était plus synonyme de perfection intouchable. Elle devenait un terrain de jeu pour la mémoire, le processus et la réinterprétation. Les mannequins défilaient anonymement, le visage couvert ou détourné de l'objectif, attirant ainsi l'attention sur le vêtement lui-même.
Moments emblématiques de Margiela Couture

Tout au long des années 1990 et au début des années 2000, les collections artisanales de Margiela sont devenues la référence de la mode avant-gardiste. Les bottes Tabi, présentées pour la première fois en 1989, sont devenues une icône durable : disruptives, architecturales et indéniablement signées Margiela. Ces chaussures à bout fendu, inspirées des chaussures traditionnelles japonaises, étaient à la fois une déclaration de mode et un clin d'œil philosophique à la fusion culturelle et au surréalisme fonctionnel.

L'un des défilés les plus inoubliables présentait des vêtements entièrement confectionnés à partir de cheveux. Un autre transformait des assiettes en porcelaine cassées en corsages. Des ceintures de sécurité devenaient des tenues de soirée. De vieilles perruques étaient transformées en manteaux. Et dans chaque pièce, un dialogue s'établissait entre le rebut et le divin. Margiela nous a appris que la couture n'avait pas besoin d'être chatoyante pour être magique ; parfois, ce sont les pièces les plus brutes et les plus étranges qui racontent les histoires les plus profondes.

La couture à l'envers est également devenue un code de la maison : des vêtements aux doublures apparentes, aux coutures apparentes et aux ourlets incomplets. Ces mêmes éléments que d'autres créateurs auraient dissimulés, Margiela les a mis en avant comme une preuve de savoir-faire, d'honnêteté et de savoir-faire.
Glenn Martens entre dans l'atelier

Après des années de mystère, la Maison a rouvert son chapitre couture sous la direction de Glenn Martens, directeur artistique également connu pour son travail innovant chez Y/Project. Martens a lancé la ligne Artisanal en 2022, inaugurant une nouvelle ère rendant hommage à l'ADN de Margiela tout en y insufflant énergie et expérimentation.
Martens a apporté à la maison sa coupe sculpturale et ses superpositions emblématiques, tout en conservant un esprit de déconstruction et de réinvention. Ses récents défilés ont été salués par la critique pour leur art cérébral, mettant en valeur des robes en jean réutilisées, des corsages ajustés en toile et des silhouettes spectaculaires et fluides. Son talent pour allier fantaisie et savoir-faire artisanal a fait de lui l'un des noms les plus prometteurs de la couture actuelle.
Salon artisanal automne 2025 : à quoi s'attendre

Prévu pour être présenté lors de la Semaine de la Haute Couture à Paris du 7 au 10 juillet, le Défilé Artisanal Automne 2025 suscite déjà l'engouement du monde de la mode. Les attentes sont élevées : Martens n'a cessé d'impressionner par son approche hybride entre concept et construction, et nombreux sont ceux qui pensent que ce défilé pourrait être le plus ambitieux à ce jour.
Verra-t-on davantage de matières audacieuses ? Des formes sculpturales ? De nouvelles interprétations de la Tabi ou de nouveaux clins d'œil à l'esthétique originale de Margiela ? Quelle que soit la forme choisie, l'approche de Martens garantit que le défilé Artisanal Automne 2025 ne se contentera pas de refléter la haute couture, mais la provoquera.

Dans un paysage de la mode saturé de bruit et de nostalgie, Maison Margiela demeure un modèle d'expression audacieuse. Et avec Glenn Martens à sa tête, l'avenir de la maison couture s'annonce aussi innovant et poétique que son passé.
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